by Steward Muhindo KalyamughumaFebruary 27, 2024
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Inscrivez-vous au webinar REACT au 4 avril 2024 pour écouter les auteurs de cette série parler de leurs mouvements.
Malgré l’indépendance des Etats africains et l’abolition de la traite transatlantique des êtres humains, les démocraties africaines offrent très peu de perspectives positives. Les populations africaines sont toujours confrontées à la corruption, aux reculs autocratiques et à divers maux. Comme par le passé, les Africains ne baissent pas les bras face aux oligarchies prédatrices qui les dirigent. Dans de nombreux pays ont émergés des activistes et des mouvements non-violents qui militent pour faire reculer les abus de pouvoir des dirigeants et qui poussent de manière non-violente en faveur de la bonne gouvernance.
Cette résistance civile africaine, surtout dans les régions francophones du continent, est le plus souvent méconnue et/ou ignorée ailleurs dans le monde. Par ailleurs, relativement peu de ressources éducatives et de programmes d’échanges sur l’activisme sont disponibles en français. Ces obstacles linguistiques isolent les mouvements de l’Afrique francophone du reste du continent et du monde. En tant que rédacteur invité pour une série de blog REACT, pour laquelle le présent article fait l’ouverture, j’ai commissionné quatre articles écrits par des activistes des pays francophone et anglophone de l’Afrique autour du même thème—résister de manière non-violente contre la violence et la dictature—dans l’espoir de relever ces défis linguistiques. Tous les articles seront publiés simultanément en anglais et en français, et la série se conclura le 4 avril par un webinaire en français avec les auteur.e.s comme intervenant.e.s—avec interprétation simultanée en anglais, bien entendu.
Avant tout, la série de blog à paraître met en lumière la résistance africaine de notre époque. A travers les quatre articles axés sur des initiatives militantes au Sénégal, République Démocratique du Congo (RDC), Cameroun, Nigéria, Soudan et Lybie, la série espère montrer comment les mouvements non-violents s’organisent en Afrique pour militer dans un contexte de violence et de répression venant des acteurs Etatiques, des multinationales, des institutions financières ou des groupes armés.
Les articles de cette série donneront à la fois un aperçu de luttes particulières dans des lieux spécifiques et partageront des leçons sur des questions clés pertinentes pour les mouvements au-delà de ces contextes :
La série commence d’ici quelques jours par l’activiste Abdoul Khafor du mouvement citoyen Sénégalais Y’en a marre, créé en 2011 en réponse à la crise multiforme qui frappait le Sénégal à l’époque. Dans son article, Khafor expliquera comment, face au recul autocratique, mis en évidence voilà une quinzaine de jours par le report de l’élection présidentielle, le mouvement Y’en a marre repense et oriente sa lutte sur le long terme pour la démocratie et la bonne gouvernance au Sénégal.
Ensuite, nous découvrirons avec Marius Kaptchoum de l’association camerounaise On Est Ensemble le combat des agriculteurs camerounais contre les pratiques agricoles dévastatrices de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), filiale du groupe français Somdiaa. Cet article permettra d’explorer les possibilités que peuvent avoir les mouvements pour influencer les récits publics et impulser des politiques agro-écologiques favorables aux communautés locales.
Dans le troisième article, l’artiste et activiste Eliane Feza nous présentera Bosembo, un clip de plaidoyer pour la paix et la justice des crimes graves vécues au RDC ces trente dernières années. A la lumière de ce clip du slameur Ben Kamuntu et du collectif Goma Slam Session qu’il a cofondé, cet article montre que l’art peut constituer une des stratégies alternatives viables sur lesquelles les activistes peuvent s’appuyer pour s’organiser, communiquer, se mobiliser et influencer.
Enfin, Gloire Wanzavalere, activiste de la LUCHA et organisateur de l’African Bitcoin Conference (ABC) soutenu par Human Rights Foundation (HRF) nous expliquera comment le Bitcoin a permis à certains militants non-violents africains de contourner les répressions financières imposées par les dirigeants au Nigéria, Soudan et Lybie. A travers cet article, nous explorerons dans quelle mesure le Bitcoin pourrait constituer une des options innovantes permettant aux mouvements de résister à la répression financière qui parait inoffensive alors qu’elle est particulièrement affligeante pour les activistes.
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Les quatre articles à venir nous offrent l’image d’une Afrique en souffrance mais toujours résiliente et des peuples soumis aux abus de toute sorte mais toujours en lutte pour améliorer leur quotidien. Les expériences partagées par les quatre rédacteurs sont de leçons précieuses pour les activistes du monde. Elles sont également un rappel aussi bien aux activistes qu’à leurs détracteurs qu’aucun abus ou restrictions ne peut stopper la mobilisation des citoyens engagés à défendre leurs droits. La résistance civile est éternelle en Afrique et dans le reste du monde, en dépit de la répression et la violence.
Steward Muhindo Kalyamughuma is a Congolese activist with the nonviolent, non-partisan citizen movement LUCHA (Lutte pour le Changement, Struggle for Change), and a researcher on human rights and armed conflict at the Centre de Recherche sur l’Environnement, la Démocratie et les Droits de l’Homme (CREDDHO).
Steward Muhindo Kalyamughuma est activiste Congolais du mouvement citoyen non-violent et non-partisan LUCHA (Lutte pour le Changement) et chercheur sur les droits humains et les conflits armés au Centre de Recherche sur l’Environnement, la Démocratie et les droits de l’Homme (CREDDHO).
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