by Mariam AzeemMay 23, 2025
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Cet article fait partie d'une REACT mini-série REACT intitulée, "La violence en ligne et hors ligne : La nommer, la défier, la dépasser". Lisez le deuxième article ici.
Alors que les récentes tensions avec l'Inde laissaient beaucoup d'entre nous à bout de nerfs – émotionnellement, physiquement et spirituellement –, j'ai vu quelque chose de magnifique surgir des fissures : l'humour qui transcende la peur, la créativité qui apporte de la douceur à nos blessures et une forme d'attention partagée qui nous rappelle que nous ne sommes jamais seuls.
Des voisins qui plaisantent autour d'un chai, des artistes qui dessinent des satires sur Instagram, des enfants qui rejouent des pourparlers de paix dans les cours d'école et des mères qui font des blagues que seul le chagrin peut façonner...
Certains diront que nous rions pour éviter la douleur. Mais ici, dans ce pays de poussière, nous rions pour survivre.
Il y a quelques semaines, alors que le ciel s'emplissait d'incertitude et que les actualités étaient inquiétantes, l'humour est devenu notre acte de défi.
L'humour à travers des références aux chai dhabas n'était pas un déni ; il nous a permis de construire la solidarité. Il nous a permis de souffler un instant, de dire : Je vous vois. Je le ressens aussi. Portons ce poids ensemble, ne serait-ce que pour une minute.
Ce n'est pas que nous ignorions la gravité de la guerre ou des conflits. C'est que l'humour nous permet de porter ce poids ensemble. L'humour devient une rébellion subtile contre le désespoir, une douce défiance face au sentiment d'impuissance.
Des vidéos sur les réseaux, des conversations familiales sarcastiques, la satire spontanée sur TikTok... nous savons comment transformer la douleur en quelque chose de plus léger, de plus supportable. L'humour devient un baume pour l'âme et un fil conducteur qui nous relie.
Ce que j'ai observé chez moi il y a quelques semaines, c'était une réanimation culturelle.
Nous pensons souvent que la résilience est quelque chose que l'on a ou que l'on n'a pas. Mais en réalité, la résilience est une pratique, qui peut s'enseigner, s'apprendre, s'incarner, se partager. Nous la construisons au quotidien : dans les histoires que nous partageons, dans les blagues qui nous créent de l'espace dans nos cages thoraciques, dans l'art qui reflète notre vérité. Pour beaucoup d'entre nous, c'est un savoir profondément ancré, une façon de continuer sans perdre notre essence.
Formée en coaching sur les traumatismes et le deuil, j'ai constaté à maintes reprises que la résilience se renforce lorsqu'on nous permet d'être pleinement humains. Cela inclut le rire, les larmes, la confusion et l'espoir. Tout compte.
Face à un traumatisme collectif, l'humour, les histoires et la créativité renforcent notre force intérieure. Les actes dont j'ai été témoin ici il y a quelques semaines n'étaient pas seulement des gestes de soulagement ; c'étaient des actes de résistance. Ils nous ont aidés à faire place à la peur et à l'espoir, au deuil et à la gratitude. Notre capacité à ressentir de la joie au milieu de la douleur n'est pas une faiblesse. C'est de la sagesse. C'est la façon dont le corps se souvient que la vie est plus que ce qui nous fait du mal.
Ce qui nous a permis de tenir le coup dans ces jours sombres du début du mois n'était pas seulement notre COURAGE. C'était notre ciment.
Des amis qui prenaient de mes nouvelles. Des inconnus qui raccompagnaient ceux qui en avaient besoin. J'ai vu des inconnus s'entraider aux postes de contrôle, des familles ouvrir leurs maisons à ceux qui en avaient besoin, des artistes peindre des messages d'unité sur les murs, des gens se rassembler pour cuisiner, prendre des nouvelles et ouvrir un espace pour échanger.
Dans un monde de plus en plus déconnecté, ces moments d'humanité partagée sont révolutionnaires. Ils nous rappellent que la guérison ne se fait pas en isolation, mais en communauté. Dans un monde qui s'enfonce dans la déconnexion, nous devons nous réapproprier le savoir ancestral selon lequel la guérison est un acte collectif. Le care (prendre soin) est une forme de pouvoir. La paix ne signifie pas seulement l'absence de guerre, mais la présence de liens.
Chaque fois qu'il y a violence, notre corps se souvient. Chaque nouvelle crise réveille quelque chose de plus ancien en nous. Ce ne sont pas seulement des événements actuels ; nous ressentons aussi les échos de notre passé : des douleurs héritées, des histoires de survie, des peurs inexprimées transmises de génération en génération. Mais nous ne portons pas que des traumatismes. Nous portons aussi la résilience. Nous portons les rires de nos grands-parents, la sagesse de nos mères, les chants de nos ancêtres. Nous ne partons pas de zéro : nous nous souvenons de qui nous sommes. Chaque chanson, chaque blague, chaque acte créatif n’est pas seulement une libération, c’est une offrande ancestrale. Cela nous communique : Nous sommes toujours là. Nous choisissons toujours la vie. Nous choisissons toujours la joie.
Dans un monde épuisé par la violence, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de plus de guerre, mais d’une plus grande interrogation bienveillante. Se demander :
Ce genre d’interrogation ne peut se produire que dans un espace holistique. Un espace où notre humanité n’est ni cloisonnée ni jugée, mais préservée. Un espace où nous pouvons exprimer notre chagrin et pas seulement notre rage. Un espace où nous pouvons être présents sans avoir constamment à nous mettre en avant.
Ce n’est pas de l’activisme doux. C’est de l’activisme sacré.
À mes compatriotes pakistanais, et à tous les citoyen-n-es du monde confrontés à un conflit :
Continuons à rire, à créer, à aimer.
Développons notre résilience comme un muscle.
Nommons nos blessures et ne les critiquons pas.
Parce que le monde n'a pas besoin de plus de bruit. Il a besoin de plus de liens. De plus de compassion. De plus d'espoir radical.
Et oui, de plus de rires.
Et surtout, osons imaginer un monde où l'écoute est plus révolutionnaire que les cris de colère, où la guérison est plus urgente que la souffrance, et où l'espoir radical devient notre langage commun. Car finalement, la joie ne détourne pas de la résistance. La joie est résistance.
Si cet article vous a touché, partagez-le. Normalisons la guérison. Honorons l'humour. Consolidons la solidarité. Nous avons besoin les un-e-s des autres, aujourd'hui plus que jamais.
Mariam Azeem possesses nearly fifteen years of experience and expertise in the field of education, training, and coaching for nonviolent civil resistance, human rights, women’s leadership, and movement building. She supports and facilitates youth, women, and gender and sexual minorities in advancing their narratives of human rights and justice.
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